Il est a priori malaisé de déterminer précisément ce qui relève des violences nationalistes. Nombre de violences ne se laissent pas aisément définir faute de pouvoir isoler les causes précises des heurts ou ce qui anime leurs auteurs. La labellisation de violences comme nationalistes ressort ainsi bien souvent d’un choix de l’observateur ou d’une volonté intéressée des acteurs, répondant à des stratégies politiques, médiatiques ou académiques pas toujours fondées. Ainsi en est-il de groupes pratiquant une violence armée revendiquée au nom de la défense d’une nation agressée ou d’un territoire jugé colonisé, mais usant de répertoires d’action hétéroclites confondant droit commun et action politique. Ici la violence qui se présente généreusement comme nationaliste peut aussi s’avérer simplement criminelle, voire mafieuse, maquillant sous une appellation politique enivrante des agissements moins recommandables. De nombreuses organisations dites de libération nationale ont pu générer ce type d’activisme aux confins de l’action politique. A l’inverse, certaines violences en apparence non nationalistes peuvent l’être bel et bien sous certaines conditions d’observation : ainsi en est-il des violences sportives dans les stades de football par exemple qui témoignent parfois – mais parfois seulement – de réels affrontements communautaires entre supporters opposés. De la même façon, des pratiques violentes d’État peuvent se parer des vertus d’un nécessaire maintien de l’ordre interne pour affirmer sous l’habit institutionnel une politique nationaliste répressive comme c’est le cas dans les provinces tibétaines de la Chine communiste. Enfin comment classer certaines violences islamistes dont l’ancrage national est avéré et qui laisse paraitre derrière un discours religieux intégriste une défense de la souveraineté du territoire et une opposition à une ennemi jugé envahisseur ? Le cas du Hezbollah au Liban ou du Hamas en Palestine illustre cette difficulté à offrir un visage unique – et souvent légitimant (ne vaut il pas mieux apparaître aux yeux des occidentaux comme un mouvement de libération que comme une organisation islamiste armée ?) - à la violence.
Ces effets de labellisation des violences sont principalement entretenus par les acteurs qui, comme l’évoque David Laitin [2007], vont justifier eux-mêmes leurs agissements en usant du référentiel dominant, le plus rentable, dont ils disposent. C’est ainsi qu’à l’issue de la guerre froide, alors que la boussole marxiste vacillait et ne permettait plus d’obtenir les protections recherchées du grand frère soviétique, le nationalisme va devenir le récit le plus commun et le plus à même de s’attacher l’attention d’éventuels soutiens (diasporiques ou issus des pays frontaliers concernés). Plus généralement se battre pour la patrie, au nom de la nation outragée ou de la terre menacée ne peut que susciter l’empathie et la compréhension de quiconque foule de ses pieds un socle national. La labellisation est enfin celle des observateurs, journalistes ou chercheurs, nettement plus enclins à user d’un registre sémantique connu et éprouvé pour lire des événements complexes et originaux. Nombre de guerres civiles, du Darfour à la Côte d’Ivoire, seront rapidement lues comme des conflits nationalistes ou ethniques là où bien souvent les rivalités internes de pouvoir ou les enjeux économiques dominaient.
Au risque de succomber au mirage de l’impérialisme typologiste, on distinguera trois grandes formes de violences nationalistes, faisant intervenir les lectures antagonistes classiques du nationalisme
1 – Les violences nationalistes
En opposant le nationalisme civique contractuel, au fondement du contrat social moderne, au nationalisme organique, fermé aux altérités raciales et primordiales, au nationalisme culturel, cherchant l’affranchissement de la tutelle étatique, on distinguera trois formes de violences nationalistes : la violence nationaliste civique et républicaine, la violence nationaliste primordialiste et raciste, la violence nationaliste culturelle et libératrice.
- La violence du nationalisme civique et républicain existe et est même, en France, l’objet d’un véritable culte intégrateur. Cette violence républicaine s’affirme à la fois par un discours de mise en exergue de la souffrance collective, à travers un messianisme humanitaire qui prendra nom de colonialisme et au moyen d’une célébration de l’armée, institution dorsale d’un patriotisme revanchard face à l’ennemi allemand. La République présente un visage nationaliste tourmenté. Depuis les esquisses d’Isidore Stanislas Herman louant « l’esthétique de la guillotine » jusqu’au chant révolutionnaire de Rouget de Lisle encourageant au versement du « sang impur » devant « abreuver nos sillons », c’est une vraie adoration de la violence purificatrice de la nation qui se dessine. Ernest Renan, le grand historien du lien national, ne définissait-il pas la nation – ce « plébiscite de tous les jours » - à travers « la souffrance en commun » et le « sentiment de sacrifice » ? Mourir pour la patrie devient, avec la République triomphante, un don de soi encouragé par un discours nationaliste sacrificiel dominant. C’est dans le don de soi au combat, dans le sang versé dont le récit ne cesse d’être rappelé par les clercs du régime, que la nation prend conscience de sa singularité en même temps qu’elle désigne l’ennemi étranger. A ce nationalisme du sacrifice s’ajoute un nationalisme messianique de conquête qui fera de la troisième République la période faste du colonialisme. De Jules Ferry jusqu’à la pensée libérale d’un Paul Leroy Beaulieu, l’accord est unanime sur les bienfaits de la colonisation, fut-ce au moyen de la guerre. Ferry ne déclare-t-il pas suite aux révoltes du Maghreb : « soldats, faites la paix à coup de sabre, la seule qui tienne, la seule qui dure, la seule enfin qui soit digne ». Le « devoir de civilisation des races inférieures » dictera aux républicains leur attitude en terre d’Orient et conduira les armées européennes à faire peu de cas des réticences locales [Le Cour Grandmaison, 2005]. Enfin, troisième expression du nationalisme républicain, l’adoration de l’institution militaire sera perçue comme une obligation morale face à la défaite de 1871, l’annexion de l’Alsace Lorraine et la « menace intérieure juive » fantasmée à travers l’affaire Dreyfus. La haine de l’allemand fonde un nationalisme cocardier revanchard et violent qui ira jusqu’à enseigner l’art du combat dans les écoles de la République et plus généralement préparer une adoration du métier de soldat dès le plus jeune âge. Ce nationalisme guerrier préparera l’entrée dans la grande guerre et sera le trait d’union entre nationalisme républicain et nationalisme extrémiste.
- La violence du nationalisme des nationalistes accentue les errements du nationalisme républicain. Le culte de l’armée y est démesuré. Elle devient « l’arche sainte » seule à même de lutter contre l’individualisme destructeur et de rappeler le sens de la communauté disait Maurice Barrés. Rempart contre la déliquescence républicaine, l’armée est surtout pour les nationalistes extrémistes l’outil de la régénérescence de l’âme nationale, seule à même de pérenniser la grandeur du collectif : « j’ai foi en la vertu régénératrice du fer et du feu » écrivait Jules Soury dans ses « campagnes nationalistes » [1902] alors qu’Henri Vaugeois, philosophe nationaliste proche de Maurice Pujo, vante les bienfaits de la violence pour souder l’identité nationale : « Les camarades qui fusillent un camarade ne sont point des bourreaux, mais des bienfaiteurs et des sauveurs, puisque ce malheureux, à la minute où il perçoit leurs figures aussi sérieuses que la sienne, ne se sent point seul ; il redevient le camarade » [cité par Capitan Peter, 1972, p. 81]. C’est pour cette raison que l’affaire Dreyfus sera un moment clef dans l’épanouissement de la violence nationaliste extrémiste. En menaçant cette arcane sacrée qu’est l’armée, le juif Dreyfus ne faisait que conforter aux yeux des nationalistes, l’ambition frondeuse des juifs de France (et d’Europe) qui serait la destruction des institutions traditionnelles de la nation. La violence nationaliste conduit ainsi naturellement à l’antisémitisme politique du début du vingtième siècle – puis apocalyptique à partir de 1933 – qui construit le juif en figure de la menace intérieur que seul sa marginalisation – et plus tard son élimination - permettra de lever. Le fascisme – qui est le résultat de la fusion entre nationalisme et violence – illustre l’aboutissement de cette logique ultime du nationalisme intégral : mouvement révolutionnaire, le fascisme pense la violence comme un moyen à la fois d’accoucher d’une société nouvelle mais plus encore d’une nation et d’un homme nouveau. C’est à travers la violence de la guerre – on se rappelle du « vive la guerre » des fascistes italiens – que les italiens vont renouer avec leur grandeur passée et qu’un « natioracisme », excluant quiconque ne partage pas le rêve de puissance nationale, verra le jour [Gentile, 2004].
- La violence du nationalisme de libération : finalement guère éloignée de la vision spiritualiste fasciste de la violence, le nationalisme de libération qui accompagne les luttes indépendantistes du tiers monde ou celles des petites nations sans Etat en Europe occidentale, repose également sur une vision existentielle de la violence. Nul autre que Sartre dans sa préface au livre de Frantz Fanon – Les damnés de la terre – n’illustrera mieux cette ambition de la violence nationaliste. La violence n’est pas ici seulement une tactique d’action servant l’objectif d’indépendance ou devant permettre l’affaiblissement de l’impérialisme, elle est aussi, et surtout, un devoir moral pour les peuples asservis. La violence révolutionnaire a ainsi une triple ambition : elle fait advenir un homme libéré en mettant fin à celle d’un homme asservi et en éliminant l’existence du colon oppresseur. « La chose colonisée devient homme dans le processus même par lequel elle se libère » écrit Sartre. En tuant le colon, le combattant nationaliste accède pour la première fois à l’existence libérée, usant ainsi de la violence comme d’une seconde et vitale naissance. Des attentats de l’IRA ou de l’ETA basque en passant par les guerres de libération algérienne ou vietnamienne, cette rhétorique de la violence libératrice permettra de justifier tous les excès militarisés que des conflits parfois justes ont pu entretenir. Au-delà de cette dimension existentielle, la violence nationaliste peut aussi avoir une ambition pédagogique forte en proposant d’inscrire en lettres de sang une distinction ethnique ou nationale entre la victime et l’assassin. Lorsque les frontières ethniques sont peu instituées ou repérables à l’image des différences en Europe (ou ailleurs) entre membres de minorités nationales et citoyens des Etats dominants (basque/castillan ; corse /français, kurde/turc…), la violence vient utilement rappeler les appartenances oubliées : celui qui est tué l’est au nom de son ancrage national et celui qui tue le fait en tant que membre du peuple opprimé. La violence exprime moins ici une opposition intangible qu’elle ne la crée et l’entretien en rendant impossible une unité pacifiée.
2 – La violence du nationalisme
Nous défendrons ici l’idée que le nationalisme, en tant que tel, quelque soit son acrage idéologique, est porteur en lui-même d’un potentiel de violence. Ce principe de violence (Canivez, 1994) ressort de cinq caractéristiques propres au nationalisme :
- La volonté de retour à une homogénéité indifférenciée est perceptible au cœur du projet nationaliste qui porte en lui ce désir d’unité de tons, de valeurs et d’identité sous l’égide de l’Etat ou d’un parti. Cette homogénéité souhaitée prend souvent racine dans un supposé âge d’or à la fois géniteur de la communauté et moment de pureté originelle non encore pollué par les interventions extérieures. Cette quête de l’indifférenciation porte en elle le risque de la violence en refusant la pluralité des conceptions du bien ou des identités, en rejetant les éléments allogènes, dissonants, volontiers soupçonnés de trahison à l’égard de la communauté nationale, en entretenant la peur de l’autre, suspect de menacer la quiétude nationale. On retrouve bien sûr dans le projet fasciste ce refus nationaliste de l’étranger, mais également dans l’âge d’or républicain lorsque l’exaltation d’un nationalisme économique conduira à refuser l’immigré italien soupçonné, à Aigues Mortes à la fin du 19éme siècle, de concurrence déloyale et de trahison morale (Noiriel, 2010). Les régimes ethnocrates obsédés par une supposée parfaite unité ethnique, offriront également à la violence purificatrice un rôle majeur.
- Le nationalisme porte également en lui le germe de la violence sectaire à l’encontre de quiconque refuserait ou relativiserait l’adoration nationaliste. C’est en effet l’amour de la patrie qui s’impose souvent en nouvelle religion laïque. L’allégeance nationale devient première et se veut exclusive. Elle ne supporte les allégeances concurrente, de classe (solidarité prolétarienne par exemple), de valeurs (principes libéraux et universels) ou territoriales (fondements tribaux ou communautaires). La loyauté inconditionnelle réclamée par la fièvre patriotique menace de violence quiconque ne l’épouserait pas ou même en modèrerait l’importance. Ajoutons que l’érection du nationalisme en principe cardinal de la vie collective renforce les tendances belligènes. Si la défense de la patrie est érigée en exigence absolue, en religion collective, alors peu importe les moyens mis en œuvre pour parvenir à cette fin : la violence devient sans limite car elle est toujours justifiée par un impératif moral transcendant, la survie patriotique.
- C’est également parce que le nationalisme est porteur d’un principe de conquête et d’affirmation de supériorité qu’il est vecteur de violence. La conquête a pu s’exprimer au sein de la plupart des nations européennes lors des épisodes coloniaux, liant la volonté d’expansion territoriale ou de soumission économique et humaine à l’usage d’une violence sans limite. Plus le nationalisme est présent plus la soumission des peuples conquis est vécu comme naturel, allant jusqu’à leur devenir bénéfique (Le Cour Grandmaison, 2005). La colonisation, fille ainée du nationalisme européen, pose, en même temps qu’elle oppresse, un principe d’inégalité entre les peuples et les cultures par nature violent. L’autre colonisé est d’autant plus maltraité qu’il appartient à une sphère d’étrangeté radicale. Figure souvent extrême de l’altérité, il subit une violence réservée à ceux dont on ne peut même pas envisager de ressembler. C’est cette mise à distance presque anthropologique de l’autre qui fonde son oppression et naturalise une violence radicale.
- On ajoutera que la violence du nationalisme séduit parce qu’elle s’oppose au « désenchantement du monde » dont parlait le sociologue allemand Max Weber. Ce désenchantement habite les démocraties modernes qui reposent sur les principes du compromis, de la pluralité des visions du bien, du refus de toute ambition eschatologique. Bref, avouons le, la démocratie libérale est bien fade et sans guère de ces appels vibrants qui exaltent les sens et réunissent les masses, conduisent le plus grand nombre aux engagements les plus radicaux (Berlin, 1990). Pire encore, si le libéralisme glorifie la raison et l’individu, il dénie bien souvent l’esprit communautaire et les passions brutales. Face à lui, le nationalisme, porteur d’un idéal communautaire ressuscite par la violence qu’il génère ce culte de l’unité, ce plaisir fort de l’union des corps et des âmes. En annulant le processus d’individualisation propre à la modernité démocratique, le nationalisme guerrier réinstaure l’esprit de groupe, la fusion organique des peuples, il donne à voir par sa violence l’existence communautaire et magnifie « la beauté de la Gemeinschaft » (Anderson, 1996). Robert Musil exprime fort bien cette idée en témoignant de son ressenti dans l’expérience du conflit franco-allemand : « On était devenu soudain une simple, une humble particule noyée dans un événement supra-personnel ; tout enveloppé par la nation, on pouvait presque la palper » (Musil, 1978, p.118) Si ce réenchantement opère au niveau collectif, comme l’ont montré les périodes d’embrasement guerrier « la fleur au fusil », il est aussi déterminant pour saisir les raisons de l’engagement individuel dans l’aventure nationaliste violente. On dira que la violence permet bien souvent de sortir de l’ennui démocratique et d’offrir aux plus exigeants (ou au moins clairvoyants) un sens à leur existence. Des témoignages de militants basques, corses ou catholiques irlandais ressort souvent cette idée que la violence est « bandante » et répond à « une normalité qui (me) donnait la nausée » (Goldring, 2005 ; Alcedo Moreno, 1997). La violence nationaliste, parce qu’elle attire à soi les regards et héroïse les comportements, nourrit les attentes de grandeur individuelle et libère de la médiocrité du quotidien.
- Enfin, le nationalisme violent peut parfois offrir une impression de transcendance où l’action radicale accompagne l’idéologie et la renforce. De nombreux historiens ont montré le lien très fort qui existait entre religion et nationalisme jusqu’à percevoir dans ce dernier une nouvelle forme de croyance collective aussi fascinante et entrainante que l’est la liturgie religieuse (Carlton Hayes, 1960). Mais ce qui offre au nationalisme son fondement religieux le plus abouti c’est à n’en pas douter l’expérience de la violence à l’image du fascisme, régime politique qui mêla le plus habilement croyance, nationalisme et violence. Comme le note l’historien italien Emilio Gentile, « le mythe de l’expérience de la guerre contribua de manière décisive à la sacralisation de la politique, apportant des matériaux nouveaux à la construction d’une religion nationale, avec ses rites et ses symboles, nés des tranchées » (Gentile, 2004, p. 327). La guerre exalte le mysticisme des sentiments, des ressentis et lorsqu’elle prend fin le fascisme s’emploiera à la continuer à travers un culte de la violence pour la sauvegarde de la nation, érigée en véritable religion d’Etat. « Un bon fasciste est un religieux » affirmait un officiel du régime. Cette affiliation religieuse de la violence nationaliste propre au fascisme se retrouve dans d’autres expériences conflictuelles à l’image du nationalisme ethnique basque offrant à la lutte armée une valeur spirituelle et assurant ses combattants morts du statut de martyr. En proposant bien souvent ce parallèle douteux entre violence et religion, le nationalisme porte là aussi en lui un principe de radicalité.
Bibliographie :
Alcedo Moneo Miren, Militar en ETA, Donostia, Harenburn, 1997.
Berlin, Isaiah, Le bois tordu de l’humanité. Romantisme, nationalisme et totalitarisme, Paris, Albin Michel, 1990.
Canivez Patrice, « En quoi le nationalisme fait problème », Le messager européen, n°8, 1994.
Capitan Peter Colette, Charles Maurras et l’idéologie d’Action Française, Paris, Seuil, 1972.
Crettiez Xavier, Violence et nationalisme, Paris, Odile Jacob, 2006.
Gentile Emilio, Qu’est ce que le fascisme ?, Paris, Seuil, 2004.
Goldring Maurice, Renoncer à la terreur, Paris, éd. Du Rocher, 2005
Hayes Carlton, Nationalism : a religion, NYC, Macmillan Company, 1960.
Laitin David, Nation, State and Violence, Oxford, Oxford University Press, 2007.
Le Cour Grandmaison Olivier, Coloniser, exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial, Paris, Fayard, 2005.
Musil Robert, Essais, Paris, Seuil, 1978.
Noiriel Gerard, Le massacre des Italiens. Aigues Mortes, 17 aout 1893, Paris, Fayard, 2010
Xavier Crettiez
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